Le Théâtre de la Massue au festival Dialog
Certains reviennent à la littérature, en l’interprétant de manière inédite. Krzysztof Warlikowski, dans Elizabeth Costello, crée un récit sur le passage du temps et sur la place de l’artiste dans le monde, à partir du personnage fictif d’une écrivaine, tiré des romans de Coetzee. Luk Perceval condense le vaste cycle de Zola en un spectacle de deux heures, dressant un portrait étonnamment actuel des passions humaines. Małgorzata Wdowik s’intéresse au deuil après la perte d’un proche, inspirée par le roman de Marieke Lucas Rijneveld.
D’autres créateurs misent sur le corps et le mouvement. Le groupe chinois TAO Dance Theater invite à une réflexion sur la danse elle-même. La compagnie japonaise Sankai Juku présente le butō, une vision de la danse comme espace spirituel où elle devient méditation.
Le théâtre explore aussi de plus en plus les nouvelles technologies. L’artiste taïwanais Huang Yi « dialogue » avec un robot et des médias numériques, tandis que le Japonais Ryoichi Kurokawa combine images et sons de la nature à un paysage de ruines, attirant l’attention sur les destructions causées par l’homme.
Toutes ces recherches et expérimentations – des adaptations littéraires aux danses avec des robots – semblent pourtant converger vers une seule et même conclusion, essentielle. Et c’est le spectacle émouvant du Théâtre de la Massue de Nice, « Le petit théâtre au bout du monde : Opus III », qui en incarne le mieux l’essence.
Il n’y a ici ni grands gestes ni récits épiques. Au cœur de cette œuvre à la structure en abyme, on découvre une minuscule figurine humaine, errant parmi les ruines d’une civilisation industrielle – fruit de nos rêves utopiques de puissance. Le spectacle d’Ézéquiel Garcia-Romeu constitue une conclusion d’une honnêteté brutale à la narration du festival. Les grandes visions, qui se terminent en catastrophe, amplifient un sentiment d’impuissance plus poignant que bien des tragédies.